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18 mai 2025 - 08:31

LES BAGNARDS


Joué par :

Green Partizan: Jini Reusard #f29d8b
Grendelor : Capitaine Grenat #E9383F
Gaba : Auguste Von Cumulus #26d824
dvb : Don Wilhelm Bouthard #9683EC
Mike : Amadou Falotier #FFFF00
Exodus (…) : Perceval Fermaz #3A8EBA
Cassiopée : Léopold Singrier #CCCCFF


C’était une belle journée, la journée d’un printemps déjà bien avancé. Les caprices de la météo, les averses scélérates, les promesses vite oubliées de flânerie sur les bords de Jougle, avaient laissé la place à l’antichambre de l’été : un ciel bleu, presque sans nuage, une température honnête, suffisante pour faire sécher le linge en une journée, mais encore loin de la canicule estivale qui étouffait ponctuellement la grande cité Thil. Un temps parfait pour un dimanche, durant lequel les jardins de la ville se remplissaient des familles ouvrières, les parents goûtant le plaisir nouveau de ce jour de repos hebdomadaire récemment instauré, les enfants s’égaillant dans les allées de graviers, ou sur les pelouses fraîchement coupées par les jardiniers municipaux. Une journée où l’industrieuse métropole reprenait son souffle, où l’air se libérait des fumées noires des cheminées d’usine. Une journée pour le temps libre, et pour le temps politique – les conseils de quartier et les assemblées de travailleurs se réunissant en fin d’après-midi pour délibérer sur les affaires courantes. Une journée où les peintres ambulants et les étrangers en visite pouvaient saisir de leurs pinceaux et plumes l’esprit de cette nouvelle république des conseils, promouvant les temps libres après la besogne, la famille après l’effort, la citoyenneté après la production.

Dans les papeteries et les bureaux de poste du centre-ville, on ne trouvait aucune carte postale qui dépeigne la masse de silhouettes fatiguées présentement en train de s’échiner sur le chantier titanesque de la future gare de triage de Celian, distante de trente-cinq kilomètres des premiers faux-bourgs de l’agglomération. Se voulant une véritable porte d’entrée de la cité, la vaste emprise ferroviaire devait constituer le centre logistique depuis lequel les trains s’élanceraient à l’assaut du désert, ou arriveraient en provenance de Sûl-Nacre les wagons chargés de minerais, de verreries et draperies fines, et autres produits exotiques que produisait la mystérieuse ville d’Orient. Le projet prévoyait des kilomètres de faisceaux de voie pour recevoir les convois, des infrastructures et machines pour les charger ou les décharger, un bureau de la douane, ainsi qu’un dépôt pour l’entreposage et la maintenance des locomotives. A côté de la gare, un village devait être bâti pour pouvoir loger sur place le personnel fourni qu’un tel site réclamait pour fonctionner.

Ici, on ne s’arrêtait pas de travailler, même le dimanche. Un millier d’ouvriers étaient affairés sur le chantier, ici préparant le tablier de la voie, là transportant les lourdes traverses en bois pour les disposer l’une après l’autre. On distinguait aisément deux familles de travailleurs. En blanc, les fonctionnaires municipaux, et les employés de la compagnie de chemin de fer : les hommes et femmes libres. Des ingénieurs, logisticiens, contre-maîtres et gardiens. En rouge vif, la main-d’œuvre pénitentiaire, plus familièrement appelée les bagnards. Des forçats, trimards, bons à tout faire. Tel était le sombre destin des criminels, bandits et détenus de toutes variétés, privés sans honte du repos dominical. Car la cité des conseils exploitait hors de tout questionnement moral cette force de travail, mobilisée sous l’égide du programme baptisé « travail-réhabilitation », trop heureuse de mettre à l’ouvrage une masse de travailleurs et de travailleuses corvéables à merci, pour faire avancer le projet ô combien stratégique de ligne de chemin de fer vers Sûl-Nacre. Ces pauvres diables n’avaient rien à y gagner, ni remise de peine, ni ration plus consistante. Tout au plus bénéficiaient-ils de la possibilité de se trouver en plein air plutôt qu’entre les quatre murs de leur geôle. Bien qu’ici, aux portes du désert, l’air était nettement moins agréable que celui de la ville, baigné par la fraîcheur de la confluence des deux plus grands fleuves du continent. Il était plus sec, déjà empreint de la poussière du désert naissant. Point d’arbres ou si peu, sous lesquels se reposer, à leurs pieds s’étendaient une steppe informe. La seule humidité que l’on trouvait par ici était la sueur qui dès les premières heures de la journée maculait les corps poisseux de ces drôles de manutentionnaires en habits cinabre. Tous étaient à l’œuvre, volontaires, car au tire-au-flanc et autre déserteur étaient promis de copieux coups de bâtons, les postes les plus pénibles, et pour les récidivistes, un séjour au trou à l’issue duquel ils retrouvaient invariablement leur place sur le chantier.

Le long des voies déjà construites, de nombreux wagons étaient stationnés. Au plus proche des sections en train d’être posées se trouvaient les traverses, les segments de rail, les bacs contenant le ballast. Plus en retrait, d’autres voitures abritaient les bureaux du chantier et la base-vie pour le personnel logé sur place. Quant aux bagnards, ils s’entassaient au crépuscule dans des wagons plats dont on avait soudé aux ridelles des barreaux et bricolé un auvent en guise de protection contre les intempéries. Les pauvres diables dormaient sur de piètres couches, parfois de maigres matelas ou peau d’animaux mitées, parfois à même la ferraille. Ce décor pénitentiaire était surtout symbolique, un prisonnier avec une condition physique minimale pouvant facilement se glisser hors de sa prison roulante. Mais pour aller où ? Leurs vêtements écarlates juraient inévitablement, où qu’ils aillent. Le fuyard était bien vite repéré en pleine journée. Et si la nuit offrait un certain couvert, il fallait déjouer la surveillance des geôliers, et ensuite ? La zone immédiate de la gare était encore inhabitée à cette heure. La métropole était à trois heures de course, pour les meilleurs athlètes, et sur place, leur couleur impayable ne tromperait guère longtemps la garde municipale. Enfin vers l’Est, aucun refuge hospitalier en vue, et la promesse d’une soif dévorante dès les premières heures du jour, qu’aucun cours d’eau ne pourrait étancher.

Chacun restait donc à sa place, résigné, au travail tout en essayant discrètement de s’économiser au maximum. Du reste, le chantier n’était pas un mouroir. La population de détenus n’était pas illimitée, aussi un certain soin demeurait pour ceux-ci. L’embauche avait lieu à sept heures tapantes, un sinistre clairon donnant le signal de reprise des travaux. A midi, une pause de quarante-cinq minutes était prévue pour le déjeuner. Bien sûr, le dernier bagnard recevant sa pitance ne disposait que d’une poignée de minutes pour l’engloutir, mais les rations, quoique frugales et simples, étaient suffisantes pour maintenir une bonne cadence tout au long de la journée. L’heure du coucher du soleil marquait la fin du labeur. Cela signifiait aussi que la durée journalière du travail avait significativement augmenté et continuait de le faire, jusqu’à ce que le solstice fût atteint. Les forçats travaillaient en brigades, sous la surveillance et les instructions de leur chef d’équipe. Suivant la bonne étoile ou la déveine de chacun, celui-ci pouvait être un bon encadrant, ménageant ses subalternes, organisant un roulement dans les tâches les plus fastidieuses, accordant quelque temps de repos après un moment particulièrement épuisant. Il pouvait aussi être un cerbère, aboyant et jurant sur les galériens à son service, hurlant continuellement des ordres et adressant des brimades aux plus faibles. Le plus souvent, c’était un fonctionnaire sobre et ennuyeux, ni méchant ni particulièrement soucieux de la condition de ses manœuvres.
Les organisateurs de cette sinistre besogne auraient pu penser que des problèmes de discipline et de tension émergeraient entre les bagnards, notamment entre ceux qui purgeaient une peine relativement courte, et les réclusionnaires, malfaiteurs patentés et meurtriers. Mais la dureté des conditions de travail mettait tout le monde d’accord, à sa place, et les incartades restaient relativement marginales, cantonnées aux moments des repas et bien vite contenues par les surveillants. Le sens de la vie, l’horizon de chacun, étaient réduits à la voie de chemin de fer naissant sous leurs pieds, traverse après traverse, agrafe après agrafe, progressant chaque jour un peu plus vers l’orée du désert. Certains pouvaient compter les jours jusqu’à leur libération. D’autres s’en abstenaient, ne voulant pas nourrir un désespoir qui aurait absorbé leurs dernières pointes d’énergie face à ce sacerdoce harassant.


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Message posté le 18:27 - 2 juil. 2025

Auguste avait l'habitude d'entendre des bruits de machines en permanence. Les usines de son père, qui étaient son terrain de jeu pendant l'enfance, ne s'arrêtaient jamais. La cité volante qu'il habitait encore quelques jours plus tôt ne connaissait pas le silence. Les vents forts régnant à cette altitude rivalisaient avec les mécanismes de stabilisation de la cité pour ne jamais laisser un instant de silence.
Le chantier de la gare de triage n'était pas plus calme, les équipes de nuit relayant celles de jour pour jouer du marteau.

Quand la carriole s'arrêta, ce fut le premier silence dans la symphonie mécanique de la vie d'Auguste.

Enfin, pas tout à fait...

Un bruit lointain de vapeur et de pistons arrivait encore à ses oreilles. Une machinerie qui, au son pur qu'elle émettait, était bien plus finement réglée que la grossière chaudière de la carriole qui finissait de refroidir.
La source en était invisible, mais il était évident que le désert n'était pas si désertique.

Il s'approcha de l'homme qui avait fourni la gourde d'eau.

Nous ne sommes pas seuls

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Message posté le 18:58 - 4 juil. 2025

Perceval accueilli l'annonce de l'arrêt avec un certain soulagement. Certes, la marche avait ceci d’exaltant qu'elle ouvrait les possibilités et lui faisait découvrir un monde sans fin, pas après pas. Mais tout aussi certainement, elle faisait mal aux pieds.
Le jeune homme n'était pas pressé d'enlever ses lourdes chaussures, tant il présentait la présence d'assez d'ampoule pour illuminer toute une section de tri et conditionnement d'algues à la Talante. Il lui faudrait prendre le temps de bander ses pieds délicatement, sans quoi le redémarrage du lendemain se fera dans la douleur. Peut-être que l'intendance avait eu la présence d'esprit de prévoir un quelconque baume apaisant dans les fournitures médicales ?

Le léger bourdonnement de l'activité de la troupe était également un repos bienvenu après la cacophonie permanente issue de la Fumeuse. La lourde voix de Monsieur Prunille avait brièvement percé le silence nouveau né, le temps de quelques directives, avant que le calme des lieux ne vienne s'imposer.

Perceval avait eu du mal à intégrer la distance déjà parcourue. Il avait entendu “trente kilomètres” de la bouche d'un de ses collègues, et si c'était vrai c'était une performance à la vue du terrain et du rythme de la Fumeuse ! Mais il devait reconnaître qu'ils avaient progressé rapidement vers le désert, tant le sable se faisait de plus en plus présent. Alors que plus tôt il apparaissait de façon isolé, il formait maintenant de gros amas reliés les uns aux autres (les fameuses “dunes” dont on lui avait parlé ?) semblables à des fonds marins qui se seraient soulevés hors des flots, découpant la plaine aride. De longues touffes herbacées perçaient encore le sable, mais n'importe qui pouvait voir que le terrain était une frontière âprement disputée entre deux climats.

Un grondement venu du fond de son estomac ramena Perceval de ses considérations à des préoccupations plus concrètes. Il fallait préparer le repas, quitte à accompagner le Homard dans sa quête du brasero (“ — Mais quel est le résidu de scorie qui a rangé ce foutoir ? On y retrouverai pas un cheval ! Toi là, arrête de me regarder avec ton air benêt et vient tenir la bâche. Maintenant !”). Ou peut-être valait-il mieux d'abord confirmer avec l'ordonnanceur le trajet du lendemain ? Oui, tout compte fait c'était prioritaire. La troupe allait devoir longer une petite mais profonde vallée alluviale encaissée, laquelle plongeait dans le désert avant d'y disparaître. La température y serait plus agréable mais le chemin moins sûr et…

— Nous ne sommes pas seuls.

— Euh… pardon ?

Perceval avait manqué de sursauter lorsque le jeune rouge était apparu à ses côtés. Il semblait à peine sorti de l'adolescence, remarqua le cartographe, un âge trop jeune pour être condamné à perdre sa santé sur un chantier tel que celui-ci. Et trop jeune pour afficher une mine aussi sombre.

— Enfin oui, c'est normal, nous somme avec la troupe et…

Le rouge lui intima le silence d'un geste et, sans même le regarder, semblait sonder l'espace ambiant.
Puis il répéta : nous ne sommes pas seuls.

— Tu… tu as vu quelque chose ? Non, entendu, c'est ça ? Mais qu'est-ce que tu pourrais avoir entendu ici, il n'y que nous. Nous, le sable, l'herbe rase soufflée par le vent et…


Le vent sembla soudain lugubre à Perceval. Sa plainte entre les rochers lui semblait presque maléfique. Et ces éclairs blancs qu'il voyait poindre entre les herbes au gré des bourrasques, s'agissait-il de pierre, ou bien d'os polis par les années ? Le désert, étonnant proche sur l'horizon, semblait maintenant être une gueule grande ouverte.

— … et des râles. Des cris ? Des esprits du désert !? Il tourna la tête vers Auguste. Tu les entends, c'est ça ? Tu sais percevoir ces choses ?

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Message posté le 01:04 - 5 juil. 2025

Le pouvoir du désert. Le bucolique d'mibile. Le feu.

Cet éclat de joie muet que s'échangeaient Léopold et Amadou. Le sourire magnifique qu'ils affichaient.

Les promesses étaient tenues et aussi vite que l'allégresse était apparue, elle s'en alla.

Qu'est-ce qu'il y a ? demanda avec étonnement Léopold.

C'est que finalement, le Menteur ne mentait pas. Et ça me fait mal d'avoir dit du mal sur lui. Parce que j'suis comme je suis et on peut dire beaucoup de choses sur moi. On l'a dit. Les gazettes l'ont dit. Un anarchiste dérangé qui a peur du progrès, qu'ils ont dit. Un dangereux criminel qu'a voulu assassiner les brillants ingénieurs de la prestigieuse compagnie indépendante de Thil. Mais moi j'dis la vérité. Toujours. Pour commencer : j'ai soif parce que la gourde que tu m'as donnée était vide. Ensuite, que j'suis d'accord pour m'évader parce que je n'ai pas pu répondre avant mais ça me va totalement. Encore ensuite, parce que la possibilité de faire le feu c'est le mieux qui m'est arrivé depuis le bagne et que je revois mon avis sur le d'mibile. Ce n'est pas qu'un désert étrange dans lequel on marche bêtement à côté d'une machinerie qui pourrait soulager notre dos, comme le font les ballons en volant dans le ciel. Ça soulage les jambes et la nuque, parce que regarder en l'air ça fait des torticolis. Le d'mibile c'est l'endroit où je vais faire un feu somptueux. Magistral. Grandiose. Un feu ardent. Je vais leur montrer que même les charbomobiles peuvent souffrir.

Léopold hocha la tête. Jusqu'ici, il n'avait pas trouvé de meilleure solution pour répondre aux tirades confuses de cet étrange ami qui s'était imposé à lui. Cependant, il ajouta cette fois quelques mots, car lui aussi avait un intérêt à ce que des flammes soient faites.

Allons-y alors. Le feu n'attend pas.

Voilà ce qu'il fallait à Amadou pour lui redresser les épaules et lui rendre sa gaieté d'antan. Ils se dirigèrent à grands pas vers la Fumeuse pour y dénicher un solide sac en jute remplit de charbons. À côté du combustible ils trouvèrent dans une boîte métallique un briquet à amadou. Le rouge ricana face à l'ironie de la situation. Le briquet en main il se tourna vers son camarade.

Que la fumée leur brûle la gorge comme la soif le fait pour nous. Comment tu veux procéder ?


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Message posté le 10:25 - 5 juil. 2025

Tu les entends, c'est ça ? Tu sais percevoir ces choses ?

Ben je reconnais une machine à vapeur quand j'en entends une, oui. Et je peux te dire qu'elle n'appartient certainement pas à la compagnie.

Auguste avait entendu des histoires de pillards qui vivaient en bande dans le désert. Les caravanes sur la route de Sûl-Nacre n'étaient jamais en sécurité.

On ferait mieux d'aller chercher les armes. Viens !

Mais elles sont sous clé !

Ce n'est pas un problème.

Auguste se dirigea donc vers la Fumeuse. Pour y trouver deux rouges en train d'allumer un feu en ricanant comme des hyènes.

Dites ! Vous savez qu'il y a des explosifs là-dedans ?

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Message posté le 11:06 - 5 juil. 2025

La nuit tombait et le groupe s'était arrêté pour installer le camp.
Grenat ordonna de jeter l'ancre suffisamment loin pour ne pas être visible.

Elle mit en ordre l'équipage et expliqua qu'elle allait partir en reconnaissance avec le char à voile. Il ne lui faudrait qu'une trentaine de minutes pour être à portée du camp. Le char était facile à dissimuler, la voile se démontant, et avec la nuit, elle devrait réussir à s'approcher sans difficulté. L'équipage devait se tenir prêt à appareiller pour attaquer si Grenat décidait que la proie était intéressante. Le signal serait une fusée de détresse bleue.

Ses ordres donnés, Grenat fit descendre le char à voile et s'installa dedans. Elle était armée de son pistolet et de sa rapière. Elle partit dans le crépuscule.

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Message posté le 16:50 - 7 juil. 2025

Jini avait ramassé tous les outils, sacs, affaires, qui traînaient par terre. Un prétexte pour venir fureter sur le côté de la Fumeuse où un grouillot blanc préparait une sorte de ragoût, ou peut-être était-ce une soupe. La lumière du soir déclinante et le caractère un peu quelconque de l'odeur émanant du récipient en fonte ne permettait pas vraiment de le déterminer. La "cuisine" était directement aménagée dans une ouverture de la machine, de telle sorte qu'elle profitait de la chaleur produite par la chaudière pour chauffer les plats. Le blanc l'entendit venir et jeta sur elle un regard mi-interrogateur mi-suspicieux.
Jini se mit à s'excuser frénétiquement en fourrant de manière quelque peu aléatoire dans les rangements les différentes bricoles qu'elle avait amassées. Le cuisinier ne lâchait pas sa position, face à la marmite. L'affaire se présentait mal. Jini était douée pour haranguer, saboter, bordéliser. Jouer les espions de service, ça n'était pas son champ de compétences. Elle s'agenouilla presque au niveau du blanc en faisant mine de chercher à atteindre un logement situé sous la cuisine. Après trente secondes à faussement se contorsionner, elle dut se rendre à l'évidence : le salaud ne comptait pas foutre le camp de devant la gamelle. Elle se releva enfin en soupirant, et semblait presque sur le point d'abandonner quand la chance lui sourit enfin.

Eh là, qu'est-ce que vous faites tous les deux ?

Le blanc venait d'aviser deux détenus à l'arrière de l'automotrice en train de s'agiter autour d'un sac de charbon. Il abandonna ses fourneaux et entreprit à grandes enjambées de rejoindre le duo.
Jini ne se fit pas prier. Sans essayer de faire preuve de subtilité, elle répandit l'ensemble du contenu du sachet donné par l'ordonnanceur dans la marmite. Tant pis se dit-elle, je mangerai par cœur ce soir. Elle donna un tour de cuillère en bois dans la mixture pour effacer les preuves, puis s'éloigna discrètement de son forfait.

Le blanc était quasiment sur ses deux camarades. De l'autre côté de la Fumeuse, les chefs étaient plongés dans une grande discussion avec l'ordonnanceur. Il était très clair qu'il allait se passer quelque chose dans la minute à venir. Par mesure de sûreté, Jini empoigna d'une main ferme le maillet qu'elle avait utilisé pour planter les piquets de tente.


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Message posté le 18:21 - 7 juil. 2025

Don Wilhelm Bouthard, connaissait par cœur son rôle de chefaillon. Il le tenait depuis déjà plusieurs mois et était désormais suffisamment à l'aise avec les termes techniques, les us et coutumes des mécanos et des sous-fifres de la compagnie ferroviaire.
Il n'improvisait pas vraiment sa réunion de fin de journée.
Les tâches qu'il égrenait et distribuait à ses subordonnés avaient du sens.
Son aisance lui permettait donc de surveiller de loin les allées et venues du reste de l'équipage. Il avait choisi à dessein de tenir sa réunion du haut du poste de pilotage, prenant soin d'installer les gardiens, face à lui sur les bancs, mais dos au campement.

Il put ainsi surveiller l'approche de Jini vers la cambuse avant qu'elle ne disparaisse plus bas, vers la chaudière de la machine. De son juchoir, il ne pouvait pas la voir directement, mais lorsqu'il entendit le cuistot brailler puis le vit quitter son poste pour se diriger vers deux grouillots rouges, il en déduisit que la popotte serait bientôt assaisonnée et prête à être servie.

Son ventre gargouilla alors qu'il mettait un terme à son laïus.

Il crevait la dalle, mais se dit que ce soir, il vaudrait mieux plutôt jeûner.

Le cuistot continuait de brailler un peu plus loin, au niveau de la deuxième remorque, celle qui contenait la réserve de charbon.

– Mais qu'est-ce que c'est que ce foutoir, bande de brêles ! Vous êtes complètement chavirés ou quoi ? Pourquoi vous allumez un feu ici ?! C'est dans le braséro là-bas qu'il faut mettre le charbon, bande de guignols !

Attiré par le vacarme de son collègue, le Homard fit de grands gestes pour descendre prestement de la plateforme et appelait déjà les autres gardes à la rescousse.

Don Wilhelm n'en croyait pas ses yeux. Les deux brutes épaisses qu'il avait recrutées (Tamalou et Reupload ? ou quelque soit leurs noms) étaient en train d'allumer un fau près de la cariole (plus exactement : trop près de la cariole).

– Mais qu'est-ce que c'est que... Oh bordel !

Du coin de l'œil, il vit un autre mouvement, cette fois de l'autre côté de la cariole. Deux autres bagnards tentaient de se faire discrets alors qu'ils avançaient à quatre pattes juste sous son poste d'observation, en direction, quant à eux, de la première remorque.

– Mais ils sont tous frapadingues, ces teuteus ! Ils ont tous pris une insolation ou quoi !

Don Wilhelm chercha Jini du regard. Celle-ci se tenait en retrait, observant de loin l'attroupement qui commençait à se former autour du feu de joie. Le sac de charbon éventré commençait déjà à produire de belles flammes.

Il vit alors que sa complice tenait fermement un maillet à la main.

Voyant la frénésie qui touchait l'équipage de tous les côtés, il se saisit de sa canne, déverrouilla la boucle de sécurité, en sortit la longue lame dissimulée et descendit du côté dunes, dans le dos des deux autres filous qui déjà s'intéressaient au coffre d'armements.

– C'est ça que vous cherchez, Messieurs ?

Quand ils se tournèrent vers lui, les deux rouges toujours accroupis virent Bouthard tenant d'une main une épée alors qu'il faisait tournoyer la lourde clef au bout de sa chaîne d'acier de l'autre main.

– Quelles que soient vos intentions, j'ai une meilleure proposition à vous faire. Avec en prime, un peu d'argent et beaucoup de liberté à gagner. Intéressés ?



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 01:07 - 12 juil. 2025

Amadou sentit une énorme déception le parcourir, mais il parvint à garder son calme. Au vu de l'attroupement que la situation avait créé, il étouffa habilement le début d'incendie volontaire. Il tirait leçon de sa condamnation.

Il prit un charbon de bois, fumant certes, cependant à peine brûlant.

Je teste le charbon, se défendit-il.


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Message posté le 16:54 - 15 juil. 2025

Grenat avait laissé le char à voile à un kilomètre à l'est du camp. Elle s'était approchée à environ 500m avant de pointer sa longue-vue. Allongée au sol du côté le plus sombre, la pirate observait le camp. Elle en prit rapidement la mesure, repérant l'emblème de la CITHIL.

Un camp de bagnards pour construire la nouvelle voie ferrée. Peu d'intérêt.

Elle allait se retirer sur cette conclusion quand elle repéra un blanc sortant une fine épée face à deux rouges qui lorgnaient une grosse caisse. Le blanc faisait tournoyer une chaîne d'un air satisfait.

Grenat reprit sa réflexion.

Hmm, des armes ? Et peut-être... hmm oui, bien sûr, des explosifs pour faire sauter les obstacles. Voilà qui est plus intéressant.

La capitaine décida de continuer son observation pour voir comment les choses allaient tourner.

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Message posté le 15:12 - 20 juil. 2025

Alors qu’Amadou finissait d’éteindre le début de feu qu’il avait lancé en le piétinant, Léopold le tira à l’écart en disant :

- Ne vous en faites pas je le surveille…

Et tout bas à Amadou :

- Cache le briquet, cache le briquet !!

Mais Amadou l’avait déjà mis dans la poche de sa tunique rouge.
Léopold exulta de bonheur quand il constata que l’attention des garde-chiourmes était détournée vers l’arrière de la fumeuse. Tirant toujours son acolyte, ils s’écartèrent de la machine afin de ne plus être aux premières places de l’attention.

Là, il se rendit compte que son ami tirait une mine désespérée. Il semblait prêt à pleurer.
Il le prit d’abord dans ses bras puis s’écarta pour laisser exploser sa joie :

- Tu sais que tu es un gars absolument génial ! Tu mérites ton nom, tu sais ! Tu es exactement l’homme qui me manquait !
Tu as dans ta poche le seul instrument qui me manquait pour réussir notre évasion. Maintenant, nous n’avons plus qu’à attendre le bon moment et alors nous serons en mesure de mettre le feu à tout ça ! A nous deux, nous pourrons nous faire la malle !
J’ai la mitraille et tu déclenches l’explosion !


Les yeux de Léopold brillaient de mille flammes.

- On va les faire payer !


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Message posté le 10:30 - 7 août 2025

Le duo formé par Auguste et Perceval avait été surpris de trouver recroquevillé près de la Fumeuse les silhouettes ricanantes de deux ouvriers, occupés à quelque plan secret et sans doute plus fumeux que machiavélique.

Dites ! Vous savez qu'il y a des explosifs là-dedans ? Avait alors accusé Auguste, dans un élan d'indignation.

Les deux conspirateurs incendiaires avaient alors pouffé de plus belle, l'un expliquant avec un peu trop de mépris au goût de Perceval, que bien sûr que non les explosifs n'étaient pas stockés dans la même remorque ! Question de bon sens.
Ce serait bien trop dangereux, rajouta son comparse avec un sourire mauvais alors que la mèche d'un briquet brûlait déjà entre ses mains.

Perceval saisit alors Auguste par le bras.

– Viens, ne perdons pas de temps avec eux. S'ils veulent se flamber les sourcils pour repousser les dangers du désert, tant pis pour eux. Mais nous, il faut qu'on puisse se protéger, insista-t-il en leur faisant faire le tour de la seconde remorque.

Un mouvement salvateur, car à peine avaient-ils disparu derrière la carriole que la lourde voix d'un des contremaîtres résonnait depuis l'autre côté. Par réflexe, les deux hommes se jetèrent au sol. Perceval jetta un coup d'œil au travers des roues, distinguant à peine les bottes du contremaître qui enguirlandait copieusement les apprentis incendiaires.

Le rouge qui l'accompagnait n'attendit pas la fin de l'incartade et rampa en direction de la première carriole. Perceval devait lui reconnaître une certaine forme de caractère : le jeune homme manifestait plus de motivation que lui-même à son âge. Il se rendit compte alors qu'il ne connaissait même pas son nom.
Il joua des bras et des jambes pour rejoindre le rouge, provoquant un léger vacarme alors que ses étuis en bois s'entrechoquaient dans son dos, et, couvert de poussière, lui tendit la main.

– Perceval, cartographe et arpenteur au sein du chantier.

Son vis à vis le contempla un bref instant, comme s’il se rappelait qu’il avait en face de lui un de ces blancs tyrannique. Mais bon, celui-là rampait - littéralement - dans la même fange poussiéreuse.

– Auguste, génie et erreure judiciaire, répondit-il en serrant brièvement la main tendue, avant de reprendre sa progression.

Les deux compagnons atteignirent la carriole et son précieux sésame alors que les cris résonnaient encore et qu’une agitation certaine se répandait dans tout le camp. Le danger repéré par Auguste était-il déjà sur eux ? Il avait parlé de machine à vapeur… Ca existait, les esprits à vapeurs ?

– J’espère vraiment que ce qu’il y a dans le coffre va nous aider, ruminait Perceval avec inquiétude alors qu’il dégageait le couvercle de ses bâches. Et comment tu vas l’ouvrir alors ?

– C'est ça que vous cherchez, Messieurs ?

Les deux hommes se raidirent, puis se retournèrent pour apercevoir Monsieur Bouthard derrière eux, une lame fine dans une main et une lourde clef dans l’autre. Perceval se releva en catastrophe, époussetant maladroitement sa salopette, le devant de son corps entièrement rougie par la poussière.

– Je… On…

– Quelles que soient vos intentions, j'ai une meilleure proposition à vous faire. Avec en prime, un peu d'argent et beaucoup de liberté à gagner. Intéressés ?

– M’sieur Bouthard, euh, c’est une gentille proposition hein, enfin même si moi je suis libre, alors que Auguste ici présent il est devrait pas être là je crois, enfin bref on essaie pas de faire quoi que ce soit de mal. Mais on a besoin de pouvoir se défendre contre les dangers du désert, vous voyez ? Parce que Auguste, toujours ici présent, il dit qu’il a entendu les soupirs féroces d’esprits vaporeux et…

Il n'eut pas le temps de finir qu’Auguste lui passa devant, les yeux brillant.

– C’est quoi cette histoire de liberté ?

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Message posté le 07:48 - 9 août 2025

– C’est quoi cette histoire de liberté ?

– La Liberté. C'est ce qui nous anime tous. La Liberté face à l'oppression. Face à l'injustice. Face aux maltraitances iniques assénées par un gouvernement de scribouillards, de profiteurs qui soit disant représentent les intérêts de tous les peuples. Un gouvernement de bienpensants qui, sous couvert de bienveillance et de démocratie, se trouve en réalité vérolé par des groupuscules de dirigeants occultes. Des truands en costume qui n'hésitent pas à sacrifier leurs meilleurs éléments et à laisser sur le bord du chemin du progrès celles et ceux qui en ont le plus besoin. La Liberté, c'est ce petit sentiment d'irritation qui nait quand on commence à comprendre que les bienfaits distribués ne sont pas répartis à égalité. C'est cette petite inflammation qui nous brûle de l'intérieur quand on voit sa gamelle presque vide de miettes alors que les autres se gavent de morceaux bien gras dans des couverts en argent.
La Liberté, c'est l'appel d'air qui vient souffler sur les braises du désespoir.


Bouthard, tandis qu'il se laissait aller à sa diatribe mi-poétique mi-rhétorique, embrassa un bref instant le vaste désert d'un regard animé par la soif de Justice. Puis il les regarda à nouveau, la lame toujours tendue, un peu moins menaçante mais encore fermement tenue.

Dans son dos, une silhouette discrète s'avançait à pas de loup.

– Messieurs. La Grande et Belle Thil, n'est grande qu'à travers ses mensonges et n'est belle que par ses atours de michetonneuse. Il est temps qu'elle se prenne dans la gueule le retour de flamme tant attendu.

Le petit fonctionnaire leur présenta la clef et le coffre.

– Messieurs. Je vous propose de reprendre ce qui nous appartient, nous, les laissés pour compte. Il est temps de reprendre notre Liberté. Quelle que soit nos motivations, la plupart d'entre nous dans ce convoi de fortune, avons un but commun : voir Belle Thil disparaître dans un incendie ravageur et salutaire.


Jini apparut dans le dos de Bouthard, un maillet à la main. Elle le contourna, lui jeta un coup d'œil intrigué puis vint se poster près du coffre, à une petite distance de Perceval et Auguste.

Elle semblait curieuse de savoir ce qui se tramait de ce côté-ci du wagon, alors que le gros des troupes et des bagnards chahutaient encore par delà la cariole.

Bouthard lui tendit la lourde clef sans aucun commentaire. Elle l'attrapa sans se poser de question.

La jeune mécanicienne, scrutait les deux gars, son maillet prêt à fendre l'air au moindre geste suspect. Perceval et Auguste interloqués par cette scène aussi inattendue que surréaliste se tenaient cois.

Jini donna de nombreux coup de clefs dans le coffre avant que celui-ci ne révèle ses trésors : fusils, révolvers, pétoires et flingues en tout genre. Baudriers et cartouchières. Cartons de munitions et chargeurs remplis raz la gueule. De quoi mener une petite révolution et tenir tête à tout la Cithil.

– Ok, les gars. Voilà ce qu'on va faire. On va commencer par désarmer ces trous du fiac de gardes bedonnants, les attacher tous ensemble et leur filer un peu de soupe en remerciement de leur service loyal. Ensuite on calmera les autres forçats avant qu'ils ne s'éparpillent trop.
Le plan, c'est de retourner ensuite au chantier et de mettre la misère à la Cithil. De saboter leur saloperie de ligne de chemin de fer et ensuite de filer à la gav'ornaise. Ceux qui voudrons nous suivre bénéficierons d'une prime substantielle versée par nos amis de Willaer. Je vous garantis personnellement que vous aurez un pécule suffisant pour démarrer une nouvelle vie n'importe où sur le continent. On effacera vos ardoises et on vous déposera en aérostat où vous voudrez. Et on vous donnera aussi de jolies fringues toutes neuves, parce que la flanelle de Belle Thil, ça craint et c'est rêche !


Jini s'équipa d'une ceinture de revolver, ramassa un fusil, l'arma d'un coup de culasse assuré et expert, puis le pointa vers Auguste et Perceval.

– Alors ? Vous en dites quoi ? C'est le genre de Liberté qui vous intéresse ?



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 15:20 - 9 août 2025

Galvanisé par les propos de Léopold, l'esprit d'Amadou fusait à toute vitesse. Il était devenu manifeste que personne ne les laisserait conserver plus longtemps que nécessaire le sac de charbons entre les mains. Aussi, l'ex garde-pompes chercha une alternative. Pour de la poudre il fallait un contenant.

Le cuistancier s'en retournait auprès de son foyer. Le tablier ramassé contre lui servait à transporter quelques poignées de charbons, maintenant que le sac de jute ne pouvait plus remplir son office. Le cuistot maugréait une ribambelle d'insultes sur le chemin du retour. Des idiots il en avait connu, mais jamais des comme eux ! Il déversa sa charge et entreprit de lancer le feu. À cette distance Amadou ne vit pas comment il s'y prit – probablement un briquet fourgué au fond d'une grande poche – ; de toute façon son attention était fixée sur la soupière en étain, qui malgré son revêtement patiné, reflétait les flammes naissantes.

Amadou donna un léger coup de coude à son comparse.


La voilà notre évasion.
Léopold regarda grossièrement dans la même direction que l'autre rouge.
La lune ? La lune « la Lune » ou celle du cuistot ?
Euh... non, rien à voir. La soupière. Suis-moi.

Les deux bagnards rejoignirent le cuistot et se proposèrent de faire le service à sa place, en gage de paix et d'excuses. D'abord réticent, celui-ci finit par décider qu'ils pourraient difficilement rater une chose aussi simple. Il avait bien besoin d'une pause en plus. Il laissa le duo d’hurluberlus saisir ensemble la soupière une fois qu'il jugea la mixture chaude. Enfin, il secoua la tête pendant qu'ils s'éloignaient pour remplir la gamelle de leurs compagnons d'infortune, blancs comme rouges. S'abaisser à un « service à table », il s'épuisait rien qu'à les regarder faire. Il prit sa propre écuelle. Sur le dessus flottait la bouillie insipide, mais au fond, cachés, résidaient les meilleurs morceaux de viande qu'il s'était mis de côté.

Léopold et Amadou finirent de faire le tour du groupe. Ils notèrent qu'il manquait des personnes pour le service, mais qu'importe. Une fois assurés que toute le monde avait la tête penchée dans son assiette, ils vidèrent à la bordure du campement ce qu'il restait dans la marmite. Puis Amadou retira le haut de sa tunique afin de la nettoyer. Léopold y déversa la poudre noire qu'il volait depuis des jours et ils y ajoutèrent quelques cailloux, pour le poids, se convainquirent-ils.

Et gaiement, ils rapportèrent leur méfait au cuistot.


On la remet sur le feu, chef. Pour ceux qui n'en ont pas eu.

Ils se retirèrent le pas tranquille. Le cuistot ne commenta pas l'allure débraillée du plus ahuri des deux. Il avait assez de soucis comme ça. La discipline c'était pour le Homard et le Menteur.


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Message posté le 11:10 - 11 août 2025

Grenat ne s'attendait pas à ce qu'elle vit. Le garde donna les clefs du coffre des armes à un des bagnards, une femme visiblement. Celle-ci ouvrit en grand et la capitaine put admirer l'arsenal. Elle regarda la scène pendant quelques minutes encore et constatant que les choses semblaient s'accélérer, elle repartit rapidement vers son char à voile. Cet arsenal conséquent ferait le bonheur des pirates !

Elle courait comme le vent, profitant de sa légèreté et de son agilité. En arrivant à son embarcation, elle la remit le mât et la voile en un tour de main. Ne voulant pas prévenir trop tôt le camp de bagnards, Grenat parcourut un bon kilomètre avant de lancer sa fusée de détresse bleue.

Sur le Sable Rouge la vigie aperçut le signal et aussitôt transmit l'ordre du départ. Tout l'équipage s'arma et les canons furent mis en charge. Dans moins d'une heure le vaisseau serait à portée de tir.

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