Perceval Fermaz

Perceval est née au sein de l'autarcique communauté de La Talante. Ses parents faisaient eux partis d'une des dernières vagues de migration acceptée au sein de la cité engloutie, et sa mère le portait déjà depuis plusieurs mois à leur arrivée.
Perceval a donc grandi sous les épais plafonds de verre et d'acier des sections d'habitation, entouré d’un monde sous-marin sombre et inconnu.
Les heures oisives de son enfance furent passées à observer les abysses depuis les baies d'observation, à suivre les frêles lumières des scaphandriers de minages et à se faire peur en imaginant les bêtes terribles qui pouvaient bien rôder là où les projecteurs ne pouvaient percer l'obscurité. Le soir, il espionnait les mineurs, pêcheurs et plongeurs qui partageaient les récits de leur journée dans les troquets ouverts sur la rue. Les fables de monstres marins, de Delphite inconnus ou des esprits des hommes et femmes emportés par l'océan peuplaient ainsi tout autant ses rêves que ses cauchemars.
Quand son heure vint de contribuer à la société, il essaya tout : récolte et transformation des algues, sorties de pêches, entretien des scaphandres… sa motivation en tant qu'apprenti n'était égalée que par l'ennui qui l’envahissait après une semaine. Aucun poste ne le gardait plus de six mois, à son malheur et à celui de ses proches. Ces derniers s'inquiétaient tant pour lui que pour leur propre place et réputation au sein de la Cité.
Mais rien n'y faisait, le jeune homme bientôt adulte se sentait de plus en plus contraint et à l'étroit au sein de La Talante. La ville était immense, mais autant que pouvait l'être un tombeau : sa naissance, sa vie et sa mort surviendraient toutes ici, dans un lieu qu'il connaîtrait comme sa poche avant la moitié de son existence.
Pour ne rien arranger, il développa au fil du temps une forme de claustrophobie qui le priva de toute carrière impliquant les scaphandres et sous-marins, seules portes de sortie qui lui étaient accessibles.
Sa sœur lui suggéra alors une carrière qu'il n'avait pas envisagée : le scriptorium. S'il ne pouvait s'évader au-delà des parois de La Talante, alors peut-être en consigner les histoires et les exploits le feraient voyager par procuration. Et elle eut raison. Rédaction de rapports, archives, administration : chacune de ces tâches laissaient glisser un soupçon d’autre-chose dans l’esprit bridé de Perceval. On découvrit bien vite, à sa grande surprise, qu’il disposait d’un certain talent pour reproduire schémas et plans des différentes failles sous-marines qu’exploraient les ouvriers, et il devint ainsi l’un des précieux cartographes des fonds de La Talante.
Mais l'ennui n’avait pas disparu, il était seulement devenu plus patient.
Les équipes d’exploitation progressaient peu en dehors de la périphérie directe de la Cité. Les mineurs pouvaient exploiter un filon des années avant de bouger, et les sous-marins suivaient les mêmes routes identifiées comme sûres au fil des ans. Mais les histoires qu’il entendait, elles, lui faisaient miroiter un monde infini. Aussi, un matin, Perceval ne se présenta pas à son poste. Les recherches durèrent plusieurs jours. On ne le trouva nulle part dans la ville, ni même dans les postes miniers avancés. Le jeune homme s’était volatilisé.
Sans que le lien ne fut fait, un petit stock de somnifères avait également disparu de l’une des infirmeries. Autre étrangeté, le contenu d’une caisse de cargaison à destination de la surface fut retrouvé sobrement empilé à l’écart des quais.

Survivant par miracle à ses premières semaines passées à la surface suite à son arrivée à Gav’Orn (et notamment malgré un puissant torticolis, contracté à force de regarder vers le ciel), Perceval rejoignit la Grande Belle-Thil. Sur place, il répondit à une annonce d’assistant de chantier pour un grand projet devant traverser le continent et des milliers de kilomètres de distance. Une occasion en or pour celui qui désirait plus que tout porter son regard sur des horizons infinis.

Perceval est un jeune homme motivé, passionné mais également facilement dispersé. Son esprit vagabonde très vite vers ses propres réflexions, son imagination se superposant sur le monde.
Peu acclimaté au monde de la surface, il est fasciné par chaque chose mais également vite impressionné par les gens. Accents, mode, concepts… Perceval découvre tout, pour sa plus grande joie mais aussi au détriment de son énergie mentale.
Bercé par les récits d’aventures et les légendes des habitants de La Talante, il est extrêmement superstitieux et ne pensera pas une seconde à remettre en cause toute histoire de trésor, vallée perdue ou autre phénomène inexpliqué. Son rêve serait d’ailleurs d’être le premier à cartographier des lieux antiques inexplorés.
Entre sa maladresse, son air facilement béat et sa méconnaissance du monde, Perceval passe facilement pour un campagnard, tout juste sorti de son village agricole. Ce qu’il se garde bien de corriger, car quand bien même il l’a fui, il ne compte pas révéler les secrets de la Cité engloutie.

Filiforme, voûté malgré ses 1m75 et peu engageant, Perceval laisse l’impression d’un animal apeuré. Sa peau mate, ses yeux verts et sa tignasse brune pourraient lui valoir un certain succès ne serait-ce que s’il se tenait un peu plus droit.
Sur le chantier, on le verra le plus souvent porter une salopette d'ouvrier brune par-dessus une chemise claire, des bottes usées et surtout un sac rempli de matériel de dessin, de tubes en carton et de règles. Une petite sacoche contenant encre et plumes, précautionneusement scellée, ne quitte jamais ses flancs. Ses doigts sont constamment tachés de noir, de même que son visage qu’il a tendance a essuyer machinalement.